CROIRE EN L’AUTRE

Par Élizabeth Bigras-Ouimet, Auteure et Éducatrice spécialisée avec baccalauréat.

Être intervenante, c'est un peu comme être une maman. C'est être impuissante face à la chute de son "client", c'est regarder son ado sombrer alors qu'on lui tend la main, insister pour qu’il s'agripper, le voir nous mentir en pleine face alors qu'on sait qu'il nous aime malgré tout, c'est sentir sa main glisser de la nôtre malgré tout l'amour et l'attention qu'on lui donne, c'est avoir tellement de peine le soir parce qu'on sait qu'il va frapper le mur... bientôt.

C'est se dire qu'on sera là quand il aura mal, qu'il voudra parler de sa chute, peut être, qu'il nous écrira pour nous dire qu'il a besoin de parler. C'est espérer que notre amour a semé quelque chose de beau, de bien, de bon en lui et que ça finira par pousser...

C'est être tellement et crissement impuissante.

Oh ya eu et il y aura plein de beauté aussi, ça reste gravé en nous pour toujours et ...on rira sûrement encore ensemble... tsé... sûrement...parce que ça peut pas être terminé han...

Être intervenante, c'est tellement précieux, mais fragile parfois. C'est revenir chez soi et pleurer parce que la distance émotionnelle dite éthique et professionnelle c'est une baliverne inventée et que ça fait mal d'avoir échappé une main si souvent dans la nôtre depuis des années.

Ma mère me dit souvent de faire confiance. Le coeur d'une mère est solide en esti. Hope for the best comme les ados disent dans leur agenda.

Elizabeth Bigras-Ouimet, éducatrice spécialisée et auteur.

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