Par Élizabeth Bigras-Ouimet, Auteure et Éducatrice spécialisée avec baccalauréat.
L’épuisement émotionnel, physique ou mental (psychique) est l’une des causes majeures d’absentéisme au travail et est de plus en plus cause de consultation depuis quelques années. On associe souvent burnout à la vie professionnelle, mais l’épuisement touche toutes les sphères de notre vie et se traduit par une sensation de vide extrême, perte totale d’énergie et perte d’intérêt pour tout ce qui autrefois nous intéressait. Tout près de la dépression, l’épuisement n’en est pas moins un sujet qu’il faut prendre au sérieux.
Comment vous sentez-vous actuellement? Êtes-vous démotivé? Avez-vous le sentiment d’être incompétent, êtes-vous en colère, irritable, pleurez-vous souvent sans raison valable, avez-vous toujours envie d’être seul, êtes-vous plus anxieux, inquiet ou vulnérable? Êtes-vous toujours fatigué peu importe votre degré d'activité?
Il existe plusieurs formes d’épuisement: épuisement familial, épuisement professionnel, épuisement amoureux, épuisement étudiant… L’épuisement touche hommes et femmes, enfants (oui oui), adolescents et adultes. Lorsqu’on ne gère plus la pression reliée à une ou des sphère(s) de notre vie, la fatigue épuise nos réserves d’énergie et il est difficile de se régénérer si on ne passe pas à l’action.
L’être humain possède deux modes d’action en lui: un mode action/adaptation et un mode repos. Lorsque vous êtes épuisé, vous n’arrivez plus à passer à l’action ni à vous adapter à la situation. Tous vos moyens de défense, vos pensées, votre réflexion, votre corps, votre système immunitaire etc. ne répondent plus adéquatement. Vous manquez littéralement de combustible. Vous aurez beau essayer de “repartir la machine”, vous n’y arriverez pas. Vous ne pouvez plus passer à l’action. Le repos est nécessaire, mais l'épuisement ébranle aussi le mode repos, car vous êtes si fatigué que vous n'arrivez plus à dormir ou à simplement vous reposer.
L’équilibre entre mode action/ adaptation et mode repos est important et essentiel. Prenez par exemple votre cellulaire: s’il n’a plus d’énergie, vous devez le recharger. Si vous le laissez sur le comptoir, sans jamais l’utiliser, il se déchargera également. Dans les deux cas, trop, c’est comme pas assez. Le corps a besoin d’équilibre entre ce qu’il donne et ce qu’il reçoit. Que ce soit sur le plan émotionnel, mental ou physique, il faut un équilibre.
L’enfant qui a trop d’activités en plus de son horaire scolaire peut rapidement être épuisé, avoir des problèmes de sommeil et d’alimentation. De plus en plus d’enfants développent également des troubles d’anxiété dus au surmenage. Il faut, en tant que parents, respecter l’énergie de l’enfant, énergie variable d’un enfant à l’autre. Certains enfants ont plus d’énergie à dépenser que d’autres qui sont d’un tempérament calme.
Chez les adolescents et les adultes, l’horaire quotidien en plus des autres occupations sociales peut facilement devenir trop. Prenons par exemple, une mère de famille qui doit voir à l’horaire régulier de ses enfants, aux repas, au ménage, aux rendez-vous, aux activités etc. Non seulement elle se met de la pression pour voir à tout, mais elle subit, souvent sans s’en rendre compte, une pression personnelle et une pression sociale. Qu’est-ce qu’on attend de la femme dans son quotidien? Qu’est-ce que la femme se demande à elle-même?
Ne croyez pas que seules les femmes sont victimes de l’épuisement. Les hommes aussi subissent une pression sociale pour être plus performants au travail, impliqués dans l’éducation des enfants, sportifs...Et les adolescents? En plus d’étudier, ils doivent souvent travailler, s’impliquer dans les activités parascolaires, sortir avec les amis...
Accumuler de la fatigue plusieurs jours, plusieurs mois, plusieurs années, finira par devenir lourd, très lourd. La fatigue à long terme est le point de départ de l’épuisement. Que ce soit de la fatigue émotionnelle (émotions instables ponctuées par les événements, anxiété), de la fatigue physique (manque de sommeil, alimentation déficiente, trop ou pas assez de sport, maladie, problèmes de digestion, stress, anxiété) ou de la fatigue mentale ou psychique (penser trop, réfléchir sans arrêt, accumuler les soucis, problèmes de concentration), la fatigue accumulée envahit la totalité de notre être qui, épuisé, n’aura d’autre choix que de tomber.
Le surmenage guette la personne qui ignore les signaux d’alerte. Les principales causes de l’épuisement sont un rythme de vie trop stressant, trop de responsabilités, difficulté à déléguer les tâches, vouloir atteindre des objectifs inaccessibles ou vouloir les atteindre dans un laps de temps irréaliste, ne pas demander d’aide, se croire indispensable au bien de tous.
Vous n’êtes pas indispensable
Désolée d’en décevoir plusieurs, mais la réalité est que la terre n’arrêtera pas de tourner lorsque vous croulerez sous le poids de la fatigue. Si vous ne prenez pas soin de vous, personne ne le fera. En voulant être indispensable, vous vous mettez beaucoup de pression sur les épaules et celle-ci finira, à coup sûr, par vous tenir la tête sous l’eau. Le besoin de reconnaissance au boulot et dans sa vie privée est le moteur central du dépassement de soi, mais devient problématique lorsqu’il devient une obsession.
Quand on se sent indispensable, on refuse que les autres nous aident, car qui de mieux que nous pour effectuer les tâches demandées. Mais croyez-moi, il y aura toujours une personne pour vous remplacer. Je sais, je sais, vous croyez qu’en vous dépassant, en démontrant au monde entier que vous êtes “fait fort”, en acceptant de faire des heures supplémentaires, en combinant vos tâches avec celles de l’autre parent dans la famille, en étant toujours disponible pour aider les autres, vous allez accumuler des points dans votre karma et monter les échelons de l’estime des autres... Au mieux, on vous remerciera.
N’attendez plus de reconnaissance des autres. Reconnaissez vous-même vos bons coups, vos défis, soyez votre meilleur ami, tenez-vous par la main, donnez-vous une tape sur l’épaule. N’attendez pas non plus que les autres vous offrent de l’aide, demandez-la! Personne ne sait mieux que vous ce dont vous avez besoin.
Vous ne pouvez pas tout contrôler. Vous devez laisser de la place aux autres pour qu’ils puissent vous soutenir. Vous ne pouvez pas toujours être en mesure d'aider les autres. Vous devez accepter de vous sentir coupable si vous dites non à quelqu’un, mais cela est indispensable pour prendre soin de vous. Tout ce que vous investissez chez les autres ou pour les autres, investissez-le en vous. Cessez de vouloir être parfait, vous ne le serez jamais. Et s’il vous plaît, cessez de vous comparer: vous êtes unique et votre vie l’est tout autant. Chacun a ses responsabilités, sa personnalité, sa condition de vie.
Que faire pour prendre soin de soi sans négliger les autres?
Comme l’épuisement touche émotions/pensées/physique, il importe de voir aux besoins de chaque plan.
1- Passer des tests sanguins et/ou autres selon un médecin qui prendra soin de faire un bilan de santé complet afin de déterminer votre état physique.
2- Revoir son alimentation avec une nutritionniste au besoin, car le manque de vitamines et/ou minéraux peut affecter votre santé physique et mentale.
3- Établir un horaire fixe de sommeil. Respecter ses heures de sommeil est primordial pour vous permettre de régénérer votre énergie.
4- Vous fixer des objectifs simples chaque jour; par exemple, aller marcher 30 minutes, manger trois repas par jour, appeler une amie… tous vos objectifs doivent viser à vous faire du bien.
5- Entourez-vous de gens positifs.
6- Faire des choses que vous aimez.
7- Prendre un congé professionnel si cela est possible.
8- Consulter un professionnel de la santé mentale si l’épuisement s’échelonne sur plusieurs mois.
9- Apprenez à rire de tout! C’est un exercice simple qui vous aidera à relativiser les situations vécues. Riez de vous (avec respect bien sûr), riez de vos réactions, riez riez riez!
10- Faire une liste de ses tâches/activités et déléguer ce qui peut être fait par une autre personne. Exemple : le lavage peut être fait par les ados, voir avec un voisin ou autre parent si du covoiturage peut être organisé, chaque membre de la famille participe aux repas et au rangement de la maison etc.
Surtout, n’oubliez pas ceci: Vous n'avez rien à prouver aux autres. Respecter vos limites. Personne ne peut prendre mieux soin de vous que vous. Cessez de vous comparer aux autres. Reconnaissez votre propre valeur et n’attendez pas que les autres vous félicitent ou vous encouragent. Misez sur l’équilibre action/adaptation et repos.
Allez-y un jour à la fois ;)
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